Le 26 novembre dernier au matin, depuis Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest, Arctic youth Network a présenté «Leadership des jeunes dans la gouvernance de l’Arctique», le deuxième webinaire de la série de webinaires d’Arctic Youth Network. Différents présentateurs ont pris la parole depuis le Canada, les États-Unis et la Norvège. Le sujet du webinaire était l’importance d’impliquer la jeunesse dans la gouvernance de l’Arctique. «Le Nord a l’une des populations les plus jeunes au monde, ce qui justifie d’autant plus l’importance d’impliquer les jeunes dans les forums de discussions concernant l’Arctique», indiquait la modératrice de la discussion, Samantha McBeth, qui a ensuite procédé à la présentation des panélistes. 

Emily Tsui fut la première à prendre la parole. Emily, qui vit présentement à Toronto, est étudiante à la maîtrise en droit à l’Université de Toronto. Elle se considère comme une personne du Sud, dont le travail académique porte sur des sujets en lien avec l’Arctique. Elle connait bien tout ce qui entoure la gouvernance de l’Arctique et elle a travaillé souvent avec les jeunes. Elle comprend d’ailleurs que les jeunes sont bien différents les uns des autres. Elle définit la gouvernance en Arctique comme une pratique impliquant différents acteurs des secteurs privé et public qui travaillent au développement et à l’implantation d’une gouvernance dans la région de l’Arctique à travers différentes actions. 

La participation des jeunes est importante dans le processus selon Emily, qui croit que les jeunes devraient pouvoir travailler en collaboration avec les leaders actuels, puisque ce sont eux qui seront les leaders de demain et qui devront vivre avec les décisions qui sont prises aujourd’hui. La présence des jeunes à différentes tables de négociation est essentielle dans l’apport nouvelles perspectives. De plus, leur donner la chance de développer une expertise en gestion et en politique tôt dans leur vie peut être un atout considérable. Les jeunes sont bienvenus à saisir les opportunités qui se présentent à eux, à s’impliquer dans les discussions, et se faisant, à développer des liens avec d’autres jeunes afin de travailler de concert sur des sujets touchant la jeunesse.

Andreas Vestvann Johnsen, qui s’est ensuite joint à la discussion depuis Olso, est un jeune qui a commencé à s’impliquer en politique tôt dans sa vie. C’est le désir de vouloir aider ses pairs à défendre leurs droits qui a mené Andreas à se lancer en politique si jeune. Il a d’abord été élu comme représentant étudiant de sa classe dans son école, avant de se joindre à des partis politiques, divers conseils (jeunesse, municipale, provinciale) et associations étudiantes. Selon lui, ce qui devrait motiver les jeunes à s’impliquer en politique est tout simplement le fait qu’ils sont la génération de demain. En ce qui concerne la gouvernance en Arctique, Andreas présente «son petit guide d’implication et d’influence 101». Écrire aux rédacteurs en chef de magazines et de journaux aide beaucoup à partager son point de vue et ses intentions politiques. Être publié dans les journaux lui a permis d’élargir son réseau de contacts, de discuter avec des gens qui ont des points de vue semblables et de formuler des intentions politiques. L’attitude dans ce processus est aussi très importante, étant donné qu’on milite pour des gens et des positions politiques. Il souhaite que les jeunes ne doutent jamais d’eux-mêmes, puisqu’ils sont capables de tant de choses, à commencer par se présenter en politique! Andreas insiste sur le fait qu’il est important de se lever et de s’impliquer et que de commencer petit peut être le début d’une grande aventure dans le désir de partager ses points de vue et ses opinions. 

Deenaalee Sahn, qui a pris la parole depuis l’Alaska, est une jeune leader impliquée dans plusieurs regroupements, tels que:

  • le Conseil Athabascan de l’Arctique,
  • le Conseil de l’Arctique,
  • l’Arctic Youth Network,
  • et le Native Movement.

Deenaalee a aussi créé On the Land Network et est diplômée de l’Université Brown en anthropologie et en politiques publiques. Lorsqu’il est temps de parler de problématiques touchant l’Arctique, Deenaalee n’hésite pas à s’impliquer, c’est ce qui l’a menée à se joindre à Arctic Youth Network. Elle reconnaît que le système de gouvernance n’a pas été conçu pour inclure les autochtones aux tables de négociation, n’étant pas reconnu comme citoyens à part entière et n’ayant pas le droit de vote comme les autres citoyens. La ségrégation en Alaska, qui a notamment empêché la génération de son grand-père de s’impliquer en tant que citoyens à part entière, se traduit aujourd’hui chez les jeunes, en particulier les PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) par un manque d’intérêt pour la politique. Les systèmes gouvernementaux ont empêché la co-productivité avec les autochtones. Les autochtones doivent donc repartir à zéro et mettre sur pied un système collaboratif et coproductif entre le gouvernement et les autochtones, afin de mettre les connaissances et les forces de chacun en commun. Des efforts au niveau local pourront mener à des actions à l’internationale et à la création de plateformes permettant aussi à la jeunesse de s’impliquer. Les jeunes ont également un rôle important à jouer en dehors de la structure politique en place actuellement et peuvent exercer une certaine influence pour contribuer à une vie meilleure en Arctique. 

La discussion dirigée en quelques points

  • Faites connaître vos intentions, faites savoir que vous voulez vous impliquer, que vous voulez prendre la parole pour vos pairs et pour vous-même en tant qu’individu, et ce, pas seulement en tant que jeune, mais en tant que citoyen. 
  • Votre voix est aussi importante que celles des autres.

Cependant, il est plus difficile pour certaines jeunes que pour d’autres de s’exprimer et leurs voix n’ont pas toutes le même écho. Chaque communauté a vécu le colonialisme de façon plus ou moins différente et les répercussions de l’époque coloniale peuvent être différentes d’une communauté à l’autre, certaines ayant davantage de traumatismes que d’autres à surmonter.  

  • Il est important de ne pas avoir une conception idéalisée du Nord.

Malgré qu’il soit incroyable de savoir que certains jeunes soient parvenus à faire entendre leurs voix en Arctique, on ne peut généraliser le succès de quelques jeunes, qui se sont levés et impliqués dans différents mouvements, à l’ensemble des jeunes du Nord. 

  • Idéaliser le Nord n’est pas ce que nous devrions faire. Nous pouvons plutôt reconnaître que nous sommes à un moment charnière pour propulser la jeunesse et l’inciter à s’impliquer davantage. 
  • Reconnaître que des efforts quotidiens sont requis, que certaines choses fonctionnent et que d’autres ne fonctionnent pas, devrait nous aider à apporter les changements nécessaires pour pouvoir continuer de s’améliorer. Nous ne devons pas attendre que les générations plus jeunes fassent des changements. 
  • En tant que jeunes, nous devons continuer de nous entraider les uns les autres.

L’un des défis entourant l’implication jeunesse demeure le courage d’agir. Il y a une peur que certaines actions soient plus tard utilisées contre nous.

  • Nous devons reconnaître que de passer à l’action est un acte courageux, car cela peut encourager plus de jeunes à s’impliquer davantage. 

À propos de l’auteure

Cassidy Lennie-Ipana est une jeune Inuvialuit qui a grandi à Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest. Elle a 17 ans et aime beaucoup passer du temps en plein air avec sa famille. Sa communauté et sa famille occupent une place importante dans sa vie. L’éducation est également très importante pour elle. Cassidy espère poursuivre des études postsecondaires en sciences infirmières, après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires cette année. Grâce à sa participation au projet Inuvialuit Living Histories, elle a pu cofonder, conjointement avec Mataya Gillis, le magazine Nipatur̂uq, qui signifie «avoir une voix», en Inuvialuit, et qui est une plateforme d’expression pour la jeunesse Inuvialuit.

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